Signe des temps, à l’initiative du linguiste Peter THALMANN en collaboration avec la SIL (Société internationale de luinguistique) Côte d’Ivoire, il remporte en 1987 le deuxième prix au concours de lecture et écriture en kroumen tépo, puis en classe de 3e le premier prix du même concours en 1989. Des souvenirs cuisant qui finiront plus tard par bichonner son avenir. Et le technicien supérieur en commerce internationale l’apprendra à ses dépens quand le récital des prix se poursuivra. En 2003, il est déclaré lauréat du deuxième prix du concours national du lexique VIH en kroumen organisé par le REPMASCI, puis en 2009 lauréat des deuxièmes prix du concours national des meilleurs lecteurs et scripteurs des langues nationales organisés par l'ONG SAPOMIVIET. Les prix en disent long, trop successifs pour être le fruit du hasard.
Sur ces entrefaites, l’idée de promouvoir les langues kroumen lui taraudera l’esprit, voyant dans cette cause noble une façon de sauvegarder son identité et les valeurs socio-culturelles qu’elles véhiculent. Ainsi pour y arriver, la providence lui ouvre la voie. En 2011, il est reçu à un test de la SIL (Société International de Linguistique). Et ce, pour la formation au diplôme de Spécialiste en Alphabétisation et Education Multilingue à l'Institut pour le Développement des Langues et la Traduction en Afrique (i-DELTA)/Afrique Francophone. C’est à Ouagadougou au Burkina Faso. C’est donc riche de cette formation qu’en 2013, avec le concours de ses amis et frères naîtra l’Association pour le Développement des Langues Kroumen (ADLK) dont il est l’actuel Président et Directeur des projets. Objectif de cette association, réfléchir sur la manière de procéder pour développer les langues kroumen et permettre à la population kroumen de les utiliser efficacement dans leur quotidien. Alphabétisation-transition, Education Multilingue, Traduction et Renforcement des capacités sont les principaux champs d’actions de celle-ci. Conscient que tout développement durable se fonde inéluctablement sur le fait de savoir lire, écrire et calculer, l’infatigable Sablatou fait donc de l’écriture des langues kroumen sont principal champs de bataille. En effet pour lui : « Les Kroumen verront le développement durable et en bénéficieront effectivement, quand ils sauront vraiment lire, écrire et calculer et quand tout cela prendra source dans leur propre culture ». Ainsi commence un combat de longue haleine qui aboutira à la conception de l’alphabet des langues kroumen de béréby, de Tabou et Grabo. Un travail remarquable sans cesse apprécié qu’il doit aussi à la collaboration de la Société internationale de linguistique (SIL).
Cependant, en bon leader, monsieur Sablatou a aussi le nez creux et sait qu’il doit dans son combat compter avec les vicissitudes. Deux principalement tentent d’obstruer l’atteinte de ses objectifs. Comme il est très souvent prouvé dans ces milieux, la première difficulté est celle liée au financement. En effet, l'alphabétisation et l'éducation multilingue demandent beaucoup de moyens financiers et l'impact n'est perceptible qu'à long terme ce qui justifie la réticence des bailleurs de fond. La seconde difficulté quant à elle se situe au niveau de l'idée même que les Kroumen se font de leurs langues. Pour la plus part, il s’agirait d’une langue de moindre valeur qui ne peut être utilisée pour parler de "choses intellectuelles". Certains, vont jusqu’à utiliser le terme de « patois ». Pathétique !Alors, vu le regard que portent les kroumen sur leur propre langue n’est-ce pas là une raison de tout abandonner ? encore que le problème de financement se pose… le dissuader de poursuivre son combat, n’y pensez même pas ! Car sa contribution à l’écriture des langues kroumen est avant tout pour lui : « un choix de cœur et ensuite de raison. » insiste-t-il. D’ailleurs, pour la petite anecdote, lorsque quelqu'un lui demandais un jour, ce qu’il gagnait à vouloir à tout prix que les Kroumen sachent lire et écrire leurs langues, il répondit ceci : « je recherche le bonheur que tout le monde recherche. Seulement nous avons différentes manière d'avoir le bonheur. » voici qui est clair.. L’on comprend alors le parcours de l’homme que la détermination à su sculpter à la mesure de ses ambitions. Obstiné à donner au peuple kroumen des traces, l’intrépide Kapet Sablatou est prêt à tout. Et il n’a pas tort. Car, aujourd’hui certaines conceptions tentent de réduire la pensée qu’à l’écriture dans un concept de ce genre : « je pense, donc j’écris ». Ainsi, la pensée par l’oralité typique aux africains est négligée. Alors, s’il est admis que l’écriture permet à chaque civilisation de traduire sa pensée et d’en assurer la pérennité, le peuple kroumen gagnerait à s’inscrire dans ce nouvel ordre philosophique. Le gardien du temple des langues kroumen lui, la déjà compris ce qui justifie son combat. Actuellement même, sa structure ADLK travaille sur le syllabaire "Piè" et a pour projet en vue, le recrutement et la formation des animateurs en alphabétisation pour toutes les langues Kroumen. Espérons que ses actions porteront demain, le fruit escompté.
0 Commentaires