Danseur de Klé crédit photo: Charles Gnepa |
Une démonstration de scène de guerre livrée sur un champ de bataille chorégraphique où visage, pas et gestuelle au rythme du son du Cor battent le pouls de la terreur, le Klé, danse guerrière du peuple kroumen allie frayeur, admiration et respect. Et comment pouvait-il en être autrement pour ce peuple à qui l’on reconnaît déjà la réputation de posséder des qualités humaines telles que la bravoure et le courage qui ont forgé son histoire ? Et à observer l’exécution de la danse Klé, l’on comprend qu’il ne s’agisse pas de vantards attributs. Aussi bien dans les costumes (habits), dans les tatouages ou peintures corporels que dans la gestuelle et la chorégraphie du Klé, l’esprit guerrier est omniprésent. Jugez-en vous-même.
Exécution de la danse
Vêtus de tenues sombres et en lambeau, le visage badigeonné du noir de charbon (Yroyro), avec sur la tête une coiffe en peau d’animal (folla) et au pied des collier bruyant (Yawlé), les danseurs apparaissent en tenant des machettes (en acier ou taillées dans du bois). Toujours précédés d’un éclaireur (Wêhagnon) muni d’une boîte métallique pleine de cailloux avec lesquels il signale son passage et censé posséder des pouvoirs mystiques pour déceler et déjouer tout piège maléfique de nature à contrarier leur avancée, ceux-ci avancent en rang, à grands pas et en silence, franchissant tous les obstacles qui se dressent sur leur chemin, jusqu’à la place publique où la foule les attend pour les découvrir et apprécier leur chorégraphie.
Les premiers passages des danseurs sont juste démonstratifs et faits d’exhibition. Ensuite, chacun à son tour ou deux à deux, ils vont danser au son des percussions (troncs d’arbres et tam-tams joués par des musiciens-virtuoses, sans chansons). Le joueur de cor et l’éclaireur demeurent présents et vigilants. Quelques personnes téméraires (badigeonnées de noir) peuvent sortir du public pour intégrer le rang des danseurs, sillonner le village et danser, des feuilles d’arbres coupées, entre leurs mains.
Moment et circonstances pendant lesquels s’exécute la danse klé
Le Klé est essentiellement dansé lors des événements d’envergures comme les visites officielles de personnalités politiques ou diplomatiques, les intronisations et les funérailles. Toutefois, pour que les obsèques d’un kroumen méritent la danse Klé, il faut que le défunt ait connu, à défaut des guerres comme autrefois, un parcours ou un rôle singulier (chef, cadre très actif, ancien danseur de Klé, acte de grande bravoure, etc.). Quoi de plus normal ! En général, la danse Klé sort pour les funérailles d’hommes. Mais quelques femmes (illustres et braves) ont aussi eu droit à la danse. Le Klé se danse (sauf cas de force majeure) aux premières heures de la matinée, après que le joueur de cor (TougnamBiyon) ait sillonné tout le village pour réveiller la population et sonner la mobilisation des danseurs. Le Klé ne se danse jamais la nuit !
Le Klé se danse par village ou par groupement de villages (Wlê). Même si le côté mystique prime, on tolère un aspect festif qui devrait être de plus en plus servi, pour assurer la pérennité de cette danse, qui symbolise la bravoure des kroumen.
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