Sidebar Ads

[INTERVIEW] Barou Sebsy: le messager du Djibetoa




''Pro lege, pro patria'' c'est à dire pour la loi et la patrie, cette inscription que l'on peut lire sur les murs de la gendarmerie nationale d'où il tient sa formation est plus qu'un crédo. Mais au nom de sa passion pour la Musique qu'il a dans se veine depuis son jeune âge, l'on peut ajouter volontiers ''pro canto''. Après avoir fêter ses 30 ans de carrière en offrant un grand spectacle, nous l'avons rencontré et abordé avec lui des questions auxquelles il a répondu sans détour. Découvrez. . . .


1. Qui est Barou Sebsy? Pouvez-vous vous présentez à nos lecteurs?

A l’état civil KOLATE Barou Sébastien qui pour des raisons professionnelles est devenu KOLATE Hié Joseph, je suis gendarme et artiste chanteur né à Treichville dans les années 60, donc un enfant des indépendances. Je suis de cinq villages à savoir Boké, Wèsséké,Douopo et Blèdjé(Libéria).

2. D’où vient votre surnom Sebsy?

Sebsy est le diminutif de Sébastien. Ca faisait plus court et agréable à entendre, c’est tout. C’est moi qui l’ai voulu aussi sinon tous les Sébastien ne sont pas des Sebsy, c’est unique.

3. Parlons à présent de votre carrière professionnelle. Quel est votre parcours professionnel ?

Tout simplement que j’ai 29 ans de carrière aujourd’hui. Un métier que j’aime bien, qui m’a permis de connaitre toutes les régions de côte d’Ivoire. Du sud au nord, de l’est à l’ouest en passant par le centre. Ce métier aussi m’a permis d’avoir de l’autorité sur mes hommes. La discipline que j’ai inculqué à mes musiciens c’est de par ma profession de gendarme.

4- Racontez-nous comment êtes-vous rentrez dans la musique ?

La chanson pour moi, je peux dire c’est un don. Tout jeune Dieu m’a donné 2 dons, 2 talents ; le football et la chanson. Le foot nous laisse avec l’âge. Mais la chanson n’a pas d’âge de retraite.

5. Comment arrivez-vous à gérer à la fois votre carrière musicale et votre carrière professionnelle ?

Simple question d’organisation et de méthode. Quand on a la passion de ce qu’on fait avec la foi en Dieu on peut y arriver sans grande difficulté.


6. Pourquoi avoir opté pour le Bollo contrairement à d'autres genres beaucoup plus connus de la scène musicale ivoirienne ?
Rire ! Vous faites une erreur ! Je vais peut-être vous surprendre, je ne suis pas un chanteur bollo. Bien que maitrisant le grébo qui est un patois du Libéria que je parle bien de par mes origines maternelles, je suis plutôt un chanteur de variété. Les tendances qui ont influencé ma jeunesse sont le high life et le soukouss. Ce sont les bases de ma créativité. Donc je suis un chanteur de variété et comme le bollo c’est une musique de chez nous qui est connu de temps en temps je m’adonne un peu à ce genre musical.

7- Sibly Noel qui d'alors était avec KANE Sondé a fini par vous rejoindre. Qui a fait le 1er pas? Ce ralliement n'a-t-il pas entrainé de tension?
Bon je vais le dire en toute honnêteté, demandez au grand frère KANE lorsqu’il a débauché Sibly Noel du bollo national de Aby Roger en lui promettant monts et merveilles si cela n’a pas entrainé de tension avec ce brave officier de douane aujourd’hui à la retraite. Pour répondre au second volet de votre question, qui a fait le premier pas ? C’est venu naturellement, mais il faut que vous sachiez qu’avant Sibly Noel, les grands frères tels que Jean Maya et Bessi Benoit s’étaient déjà ralliés à moi et c’est une question d’approche et de sensibilité. Alors il faut dire que là c’est un mariage (Sebsy-Sibly Noel) qui est beaucoup apprécié par nos parents. De mon côté je ne crois pas que cela ait produit une quelconque tension.

8- Comment vous considérez vous par rapport à KANE Sondé, son concurrent ou...?

C’est un grand frère. Vous ignoré peut etre qu’il a été avec ma grande sœur avec qui il a eu 6 enfants, Kolaté Eugénie, paix à son âme. KANE, je le considère comme un grand frère que j’ai pratiqué, grand frère grâce à qui d’ailleurs j’ai pu mettre mon premier morceau sur support lorsqu’il m’a fait appel pour relancer le bollo super en 1991. Il faut reconnaitre que le bollo super n’existait plus, il avait pris un autre nom, c’était les frères unis après le décès de Klaplo Patrice, paix à son ame. Et le petit KANE s’étant retiré à San-Pedro avait eu le besoin de relancer le bollo, c’est ainsi qu’il m’a fait appel avec le grand frère Barou Christophe, et c’est nous en 91 qui avons relancé le ‘’bollo super’’. Par reconnaissance, je lui ai même adressé une invitation lors de la célébration de mes 30 ans de carrière musicale. Correspondance qu’il a reçu de mes mains propres où il m’a dit que c’était un grand honneur que je lui rendait et qu’il serait à cette soirée. Je peux m’arrêter là. ˮ

9- Selon vous, au jour d'aujourd'hui le Bollo peut-il rivaliser avec les autres genres musicaux du terroir ivoirien ?
Le bollo n’est pas une musique pacotille, excusez-moi du thème. Il ne rivalise pas avec les autres genres musicaux. Il a sa place dans le patrimoine culturel ivoirien et est meme très apprécié des ivoiriens, simplement il a besoin qu’on lui fasse une bonne promotion. Et c’est là que je pense que les pères fondateurs ont échoué, il ne faut pas avoir peur des mots.

« Je pense que le bollo disparaitra si vous et nous ne faisons rien pour le vulgariser, le pérenniser. »
10- Ne craignez-vous pas la disparition du Bollo comme plusieurs danses traditionnelles ivoiriennes ?

Je pense que le bollo disparaitra si vous et nous ne faisons rien pour le vulgariser, le pérenniser. C’est notre bien commun, si je vous considère aujourd’hui comme un homme de la presse, notre devoir c’est de faire la promotion du bollo. Les ivoiriens connaissent déjà le piment et la cola ainsi que le kin juce. C’est à nous de faire connaitre le bollo sur la scène nationale comme internationale.

11- Vu que très peu de jeunes s'intéressent à la musique Bollo par rapport au zouglou ou au coupé décalé, peut-on dire que la relève est assurée?
Le bollo est une musique de toutes les générations. Vous voyez, au Kruman Group Orchestra, il n’y a pas que des anciens, nos enfants âgés de 23 à 26 ans sont avec nous dont certains sont des chanteurs de Bollo à l’exemple du jeune Hiné Christophe, fils de Barou Sylvain qui reprend avec brio les chansons de son père à merveille. La relève est donc assurée.

12- Quelles actions menez-vous afin que la relève soit assurée au niveau de la jeunesse ?

Je fais la détection de talents lors de mes déplacements dans la région par la découverte de talents cachés. J’initie les plus jeunes à la chanson bollo. Ils sont dans d’autres genres musicaux comme moi-même à mes débuts où j’interprétais des airs de high life, zaiko, makossa et autres. Aujourd’hui, je les amène à chanter dans la langue kroumen et à s’attacher à nos rythmes et valeurs.



13- Vous avez célébré vos 30 ans de carrière musicale le 26 Mars dernier, quels sentiments vous animent aujourd’hui après cet évènement ?
Sentiments de joie, de fierté pour ce que je fais. Sentiment de maturité avec la joie de savoir que mes parents bien ce que je fais, en témoigne la richesse des personnalités qui se sont déplacés pour me soutenir. Ma joie débordait parce que quand tu fais quelque chose et que tu sens que tu es soutenu, ça te motive.


14- 30 ans de carrière pour 4 albums cela parait bien maigre comment expliquez-vous cela? Manque d'inspiration ou de moyen ?
Rire ! C’est une question qui me faire rire. Manque d’inspiration pour Barou Sebsy ? Moi j’ai du talent à revendre. La preuve le dernier album était parti pour un single de 2 morceaux mais j’ai tellement de morceaux en réserve que je ne me suis pas empêché de mettre 8. Pour quelqu’un qui a un autre métier comme vous le savez, vous pensez que 4 albums c’est peu ? Non. Vous savez aux USA comme en Europe, les grands artistes que je connais mettent des années pour sortir un album, pour rentrer en studio, ils mettent du temps. Quand un album sort, ils mettent 5 à 6 ans avant de sortir un autre. Le genre de musique que je fais m’interdit d’entrer en studio tous les ans. Je ne chante pas pour chanter. Sinon 4 albums pour 30 ans, je crois que c’est acceptable. Je vais à mon rythme. Les moyens aussi, oui, puisque je suis mon propre producteur.

15. En 30 ans qu’est-ce qui a changé dans votre manière de chanter?
La même manière, je dirai. Si vous voulez, je suis un parolier, un messager. Je m’amuse à dire que je suis le messager du Djibetoa, mais c’est mon être, je suis un conscientiseur, un moralisateur. Je suis un chanteur aux chants moralisants avec un brin de spiritualité parce qu’il faut mettre Dieu au centre de ses affaires. Pour ne pas dire mettons Dieu au début et mettons Dieu à la fin. Donc rien n’a changé dans ma manière de chanter. Pour ceux qui me connaissent, ils savent que je ne chante pas pour chanter, je véhicule un message pour donner la morale à mes frères par rapport à notre vie, ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire.

16- Parlons à présent de votre orchestre le Kruman Group Orchestra, quel est son actualité et ses perspectives?
Bien, après les 30 ans que nous avons préparés minutieusement puisque cela coïncidait avec la sortie d’un album cap est maintenant mis sur la promotion. Les perspectives, comme un grand frère le jour de l’anniversaire me le disait « fais tout pour quitter maintenant ta région, il faut etre Barou Sebsy national. Que tout ivoirien puisse avoir un album de Barou Sebsy et même aller au-delà devenir international… » et pour cela avec le Kruman Group Orchestra et d’autres partenaires comme les frères de ‘’Bas-Sanssandra en ligne’’ on va chercher les créneaux pour que les perspectives nous amène loin.

17- Dites-nous quels sont vos rapports avec les artistes ivoiriens en général et ceux de votre région plus particulièrement ?
Bien mes rapports avec les artistes ivoirien, il faut dire ma carrière de gendarme ne m’a pas permis de me lancer en plein pied dans le showbiz ivoirien pour entretenir des rapports avec les autres artistes ivoiriens. Mais avec ceux de ma région, les rapports sont excellents. Sauf, j’avais dire qu’il ne faut pas avoir peur des mots, peut être avec le grand frère Kané, pour des raisons que nous sommes les seuls à connaitre, des problèmes de leadership peut être.

18. Quels conseils avez-vous à donner aux jeunes, qui aimeraient faire carrière dans la musique, notamment le Bollo ?

Conseils à leur donner ? Simplement le sérieux, le respect du public et surtout du travail. Qu’ils s’adonnent à la recherche, et cherche à promouvoir notre riche patrimoine culturel. Donc le travail, il n’y a que le travail qui paye

19. Revenons à vos origines, quel regard portez-vous sur la vie et le développement de votre région?

Notre région est très riche sur le plan touristique avec des sites agréables à découvrir. Ses enfants au lieu de s’entredéchirer gagneraient à la valoriser et à la faire connaitre au plan national et international en y associant les artistes.

20. Pour terminer, un appel à lancer à l'endroit des fils et filles du pays krou?

Aux filles et aux fils du pays Krou : 2 appels qui me tiennent vraiment à cœur. D’abord, je les exhorte à soutenir leurs artistes et à s’intéresser à la chose culturelle, qui est un puissant instrument de développement et de tourisme. Ensuite, qu’ils sachent que leur région a besoin d’eux, et qu’ils se doivent de se serrer les coudes pour son développement harmonieux.

Enregistrer un commentaire

0 Commentaires