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REPORTAGE/ le pont yaka : un danger permanent

Pont Yaka,sur la voie nationale (A7)
Il a toute l’apparence d’un pont de fortune vieillissant et prêt à tirer sa révérence. Et pourtant, distant d’environ 7km de Tabou, après plusieurs années de loyaux services le pont Yaka continue de subir les assauts de tous les véhicules. Et les raisons sont pluriellles. Non seulement, parce qu’il est nicher sur la voie officielle conduisant vers la plupart des hameaux et villages et menant jusqu’à la frontière avec le Libéria. Mais aussi parce qu’il sert de liaison vers les zones de productions industrielles et vivrières. Un rôle important qui aurait dû lui permettre d’être revêtu à l’ère des temps modernes. Mais hélas ce n’est pas le cas. Construit au goût de l’époque colonial, le pont yaka ne répond plus aux normes de développement et de sécurité actuelle. D’une précarité exacerbée avec ses gardes fous affaissés et ses planches qui tiennent lieu de béton, le pont yaka fait aujourd’hui la frayeur des voyageurs et les mésaventures des transporteurs. Kapet Natacha, une habituée du tronçon ne cache pas ses émotions devant la situation du pont : « J’emprunte la voie fréquemment mais à chaque fois que nous devons passer le pont, j’ai tellement peur que je retiens mon souffle » et quand ce n’est pas le souffle qui est retenu ce sont des prières qui se formulent et des signes de croix qui se marquent, une façon de se recommander à Dieu.

Malgré tout, des efforts sont consentis pour assurer une petite santé à ce ₺tas de bois₺ lors de sa dégradation à l’image de la PALMCI, cette importante société de palmier à huile au plan national qui est implantée dans le département de Tabou. En effet, cette dernière y voyant son intérêt à pris sur elle l’engagement de renouveler les planches à chaque fois qu’elles s’abiment. Mais tout ceci est un éternel recommencement car, ce geste n’accorde qu’une survie temporaire au pont. Juste le temps d’attendre que s’abattent les premières fortes pluies d’après et rebelote ! « Quand il pleut, nous sommes défendus de passer le pont. Donc nous sommes obligés de faire le grand tour en passant par Dapo Iboké pour se rendre à Grabo, Neka et autres… » Confie avec douleur M. TIMITE au nom du collège des transporteurs de la gare de Grabo à Tabou, Outouké. A ces déboires temporels liés à la pluie, s’ajoutent les dégâts causés par les gros engins dont les passages abîment le pont de façon inopinée du fait soit d’une mauvaise manœuvre soit à la longue du fait de leurs poids. Alors que faire ? Côté autorité c’est la contemplation. Une contemplation qui se justifie avec comme argument « la responsabilité de L’État » comme le témoigne les propos d’un agent du conseil régional que nous avons approché : « le pont est sur une voie nationale, et il est de la responsabilité de l’État de le construire. L’État l’a promis alors on attend. ». Une attente bien fastidieuse et dont on ne sait quand est ce qu’elle prendra fin pour marquer le développement de la région. Or pendant ce temps, le développement du pays passe sur ce pont avec l’apport des productions de la PALMCI (venant de la région) grâce auxquelles nous sommes classé 3ème pays africain.

                                                                                                                Yannick ANAKY