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Djibetoa FC de Tabou : Récit d’un combat pour la renaissance




Absente de toute compétition nationale depuis plusieurs années, l’équipe du Djibetoa FC de Tabou renait enfin de ses cendres. Il a fallu attendre un peu plus d’une décennie après sa descente brusque aux enfers pour la revoir en marche et prétendre à nouveau conquérir la scène du football ivoirien. Mais que de périples rencontrés pour relever ce club mythique qui jadis faisait les beaux jours de son département. Entre combats, écueils financiers et vision stratégique, zoom sur le come back de l’équipe prodige.

Au commencement : Une histoire

Créé en 1987 par feu le Député Maire Barou Adjehi Valentin, le Djibetoa FC de Tabou fut le tout premier club de football du département avec à sa tête feu Dié Fulbert comme Président. Cette équipe gravira les échelons jusqu’à se hisser en première division (D1) du championnat ivoirien. Pendant trois ans de 1993 à 1996 les rouge et noir animeront le championnat aux côtés de grandes équipes tel que l’ASEC, l’AFRICA et l’on se souvient de certaines rencontres choc déroulé dans son stade. En occurrence la confrontation Djibetoa FC vs ASI d’Abengourou.

Malheureusement, la chute du Club en Deuxième division (D2) et certains problèmes entre autres celui des finances contraindra l’équipe à enchainer des forfaits au point de s’attirer le courroux de la Fédération Ivoirienne de Football (FIF). La suite on la connait, ce sera le déclin du Club.

Le combat pour la Renaissance

Treize ans après sa banqueroute, l’équipe du Djibetoa fc de Tabou inscrite précocement sur une page de nécrologie se conjugue désormais au passé. Dirigeants, staff et joueurs ne laissent planer aucune ombre. Suite à l’effondrement des fondations de l’équipe, il ne reste plus finalement que quelques souvenirs qui ont bichonné son parcours. A Abidjan, en Août 2013 un ressortissant de la région du nom de Ikpo Sylvain et qui est le Président d’une ONG dénommée IDA prépare la participation de ses poulains à un tournoi. Petit bémol il est confronté à un déficit côté effectif. Son cousin basé à Tabou alors l’aborde en lui faisant une proposition intéressante : « Il m’a dit Sylvain, vu l’effectif que je vois ne pourrais-tu pas copter certains joueurs de Tabou en vue de t’épauler dans ce tournoi de taille ? » se souvient-il. Proposition qu’il accepte en faisant venir cinq joueurs de Tabou. Après le tournoi, enchantés par l’expérience vécue, ces joueurs lui suggèrent de faire de ce noyau les bourgeons de la relève du Djibétoa FC. Son avis est favorable, mais si la mission paraît noble, elle se heurte néanmoins à un problème fondamental à savoir : comment enclencher une renaissance devant une équipe qui n’existe plus que de nom ? Dénuée de toutes substances et face aux nouvelles reformes en vigueur, il a fallut alors repenser toute son existence en assumant cette rupture avec le passé. Le nom de l’équipe sera aussitôt la première à subir cette mutation. Ainsi la dénomination du club jadis connu sous l’appellation de Djibetoa FC de Tabou se muera en Renaissance football Club Djibetoa de Tabou. Les couleurs traditionnelles de l’époque rouge et noir seront elles aussi remplacer par le trio tricolore bleu-vert-rouge. Pour le reste, il faudra maintenant mener un combat rude au niveau non seulement administratif en procédant à la déclaration et l’affiliation du club à la fédération Ivoirienne de Football (FIF) mais aussi au niveau du club lui-même à travers la constitution d’une nouvelle équipe et d’un nouveau staff technique. Le défi est grand et M. Sylvain Ikpo voit dès lors se profiler à l’horizon les premières lueurs d’un long combat. Conscient des enjeux sous-jacents, Il s’y engage en accordant la priorité au volet administratif : « Il fallait gagner la bataille administrative afin d’être reconnu par la FIF et participer aux prochaines compétitions. » déclare-t-il. Concomitamment en fin stratège, il engage le recrutement des joueurs et procède à leur formation. Mars 2015, par le biais de la radio Phare fm, un avis est alors lancé à l’endroit de tous les jeunes du département désireux de jouer sous le maillot du club. La moisson est abondante, 180 jeunes venant de toutes les sous-préfectures du département de Tabou répondent présent à l’appel. Stupéfaction générale ! A l’issu du test, seulement cinquante d’entre eux sont retenus. Devant l’occupation du stade municipal par les forces onusiennes, la SICOR en bon samaritain octroie ses bâtiments et son espace en vue de l’hébergement des joueurs et des séances d’entrainements. C’est donc à 13 km de la ville de Tabou dans le village de Gliké V1 que l’équipe se construit et se fortifie petit à petit. Un an passé, en Avril 2016, histoire de clôturer sa formation, la RFC Djibetoa entend se soumettre au test des matchs amicaux afin de juger son niveau. Pour sa première sortie, les résultats sont juste impressionnants : aucune défaite enregistrée. Siroko FC et Altlantic FC toutes deux équipes de la ville de San Pedro évoluant respectivement en D2 et DH sont battues par le RFC Djibetoa de Tabou sur les scores de 2-1 et 5-2. Grand Bereby qui s’invite au débat s’incline à son tour sur ses propres installations sur le score de 3-2. La confiance s’installe, l’espérance est entretenue. Un choix judicieux car l’attente de l’acquisition de tous les documents administratifs pour enclencher la formation aurait été une perte de temps. Pour preuve, ce n’est que le 07 septembre 2016 que le Club obtient son récépissé de déclaration d’association dans la parution N°75 du 19 Septembre 2016 du journal officiel de la république de Côte d’Ivoire.

Les finances, un mur à franchir

Mais si de tel résultat sont enregistrés, c’est aussi et surtout en partie grâce aux moyens financiers injectés. Plus de 23 millions de FR CFA pour la période allant de 2013 à 2016. Une somme colossale qui se justifie par la prise en charge des joueurs, les déplacements, le coût de l’équipement sans oublier les honoraires du Staff pour ne citer que ceux-là. En vue de supporter les charges et faire évoluer le club, un appel à l’actionnariat a été lancé mais pour l’heure, n’a pas encore trouver un écho favorable. Un problème de communication apparemment. Fort heureusement, le Conseil Régional de San Pedro, seule entité jusque-là à venir en aide au club lui octroie une subvention annuelle de 5 millions même si cela paraît largement insuffisant. D’ailleurs, faute de moyens, la tournée de matchs amicaux prévue au mois de Septembre 2016 n’a pu voir le jour. Et pourtant : « En plus de permettre l’évaluation de l’équipe, les matchs amicaux créent le contact entre les clubs et même favorisent des ouvertures… » souligne désespérément le Président. En attendant que partenaires, sponsors et mécènes très attendus se signalent, la RFC Djibetoa de Tabou est condamnée à faire un exploit en se contentant du peu qu’elle reçoit.


                                                                                                                Yannick ANAKY






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